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chef-d’œuvre, vous avez maudit mille fois le graveur Raphaël Morghen, qui en a publié une si indigne caricature. Ce Raphaël-là ne sait pas dessiner ; tout le monde le sait ; mais ici il n’a pas même su graver les têtes.

Dans la chambre, à droite du salon, où est l’Aurore[1], il y a une tête de génie dans un tableau de Samson, par Louis Carrache : on dirait cette tête faite par le Guerchin. La salle à gauche est célèbre à cause d’un mauvais tableau du Dominiquin : David triomphe, la tête de Goliath à la main ; Saül, jaloux, déchire ses vêtements. Tout a poussé au noir dans ce tableau, excepté les chairs et surtout les pieds.

Comme nous étions fort près de l’église de Santa-Maria degli Angeli, nous y sommes entrés.

Rome compte vingt-six églises consacrées à cet être sublime qui est la plus belle invention de la civilisation chrétienne. À Lorette, la Madone est plus Dieu que Dieu lui-même. La faiblesse humaine a besoin d’aimer, et quelle divinité fut jamais plus digne d’amour ! Sainte-Marie-des-Anges fut construite par les ordres de Pie IV ; on profita de deux salles des Thermes de Dioclétien ;

  1. Correction légitime de Colomb. Stendhal dans ses notes rapides sur les feuillets ajoutés à l’exemplaire Serge André avait écrit : « à droite de l’Aurore ». N. D. L. E.