Page:Stendhal - Promenades dans Rome, tome 1.djvu/53

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vaux ont fait un quart de lieue ; on a tourné un des plis du terrain ; l’aspect du pays a changé, et l’âme revient à admirer les plus sublimes paysages que présente l’Italie. Salve magna parens rerum.

Le 3 août nous n’avions pas le loisir de nous livrer à ces sentiments, nous étions troublés par la coupole de Saint-Pierre qui s’élevait à l’horizon ; nous tremblions de n’arriver à Rome qu’à la nuit. Je parlai aux postillons, de pauvres diables fiévreux, jaunes et à demi morts ; la vue d’un écu les fit sortir de leur torpeur. Enfin, comme le soleil se couchait derrière le dôme de Saint-Pierre, ils s’arrêtèrent dans la via Condotti, et nous proposèrent de descendre chez Franz, près la place d’Espagne. Mes amis prirent un logement sur cette place ; là nichent tous les étrangers.

La vue de tant de fats ennuyés m’eût gâté Rome. Je cherchai des yeux une fenêtre de laquelle on dominât la ville. J’étais au pied du Pincio ; je montai l’immense escalier de la Trinità de’ Monti, que Louis XVIII vient de faire restaurer avec magnificence[1], et je pris un logement dans la maison habitée jadis par Salvator

  1. Note manuscrite de l’exemplaire Crozet : « Les phrases comme celles-ci étaient un paratonnerre en 1829. Le fait est que M. de Blacas fit un peu réparer ce long escalier tout ébréché par le temps. Et M. de Blacas sot et insolent ne laissait pas maltraiter les Français. N. D. L. E.