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Rosa, via Gregoriana. De la table où j’écris je vois les trois quarts de Rome ; et, en face de moi, de l’autre côté de la ville, s’élève majestueusement la coupole de Saint-Pierre. Le soir, lorsque le soleil se couche, je l’aperçois à travers les fenêtres de Saint-Pierre, et, une demi-heure après, ce dôme admirable se dessine sur cette teinte si pure d’un crépuscule orangé surmonté au haut du ciel de quelque étoile qui commence à paraître.

Rien sur la terre ne peut être comparé à cela. L’âme est attendrie et élevée, une félicité tranquille la pénètre tout entière. Mais il me semble que, pour être à la hauteur de ces sensations, il faut aimer et connaître Rome depuis longtemps. Un jeune homme qui n’a jamais rencontré le malheur ne les comprendrait pas.

Le soir du 3 août j’étais si troublé, que je ne sus pas faire mon marché, et je paye mes deux chambres de la via Gregoriana beaucoup au delà de leur valeur. Mais en un tel moment comment s’occuper de soins si petits ? Le soleil allait se coucher, et je n’avais plus que quelques instants ; je me hâtai de conclure, et une calèche ouverte (ce sont les fiacres du pays) me conduisit rapidement au Colysée. C’est la plus belle des ruines, là respire toute la majesté de Rome antique. Les souvenirs