Page:Stendhal - Promenades dans Rome, tome 1.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que César ou Napoléon. Comme eux, pour avoir le plaisir de commander, il s’exposait à une mort probable. Mais le danger qu’il courait n’était pas beau comme celui des soldats.

Du haut des ruines du Colysée, on vit à la fois avec Vespasien qui le bâtit, avec saint Paul, avec Michel-Ange. Vespasien, triomphant des Juifs, a passé sur la voie Sacrée, près de cet arc de triomphe, élevé à son fils Titus, et que, de nos jours encore, le Juif évite dans sa course. Ici plus près, est l’arc de Constantin ; mais il fut construit par des architectes déjà barbares : la décadence commençait pour Rome et pour l’Occident.

Je le sens trop, de telles sensations peuvent s’indiquer, mais ne se communiquent point[1]. Ailleurs ces souvenirs pourraient être communs ; pour le voyageur placé sur ces ruines, ils sont immenses et pleins d’émotion. Ces pans de murs, noircis par le temps, font sur l’âme l’effet de la musique de Cimarosa, qui se charge de rendre sublimes et touchantes les paroles vulgaires d’un libretto. L’homme le plus fait pour les arts, J.-J. Rousseau, par exemple, lisant à Paris la description la

  1. Addition manuscrite de l’exemplaire Crozet : « Elles [se] rassemblent en gerbes et prennent les épis de tous les souvenirs de toute une jeunesse agitée. » N. D. L. E.