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cace d’un amphithéâtre. Titus, comme nous l’avons vu, fit paraître, le jour de l’ouverture du Colysée, un nombre énorme d’animaux féroces qui tous furent tués[1]. Quel doux plaisir pour des Romains ! Si nous ne sentons plus ce plaisir, c’est à la religion de Jésus-Christ qu’il en faut rendre grâce.

Le Colysée est bâti presque en entier de blocs de travertin, assez vilaine pierre remplie de trous comme le tuf, et d’un blanc tirant sur le jaune. On la fait venir de Tivoli. L’aspect de tous les monuments de Rome serait bien plus agréable au premier coup d’œil si les architectes avaient eu à leur disposition la belle pierre de taille employée à Lyon ou à Édimbourg, ou bien le marbre dont on a fait le cirque de Pola (Dalmatie).

On voit des numéros antiques au-dessus des arcs d’ordre dorique du Colysée ; chacune de ces arcades servait de porte. De nombreux escaliers conduisaient aux portiques supérieurs et aux gradins. Ainsi, en peu d’instants, cent mille specta-

  1. Ut fera quæ nuper montes amisit avitos
    Altorumque exul nemorum, damnatur arenæ
    Muneribus, commota ruit ; vir murmure contra
    Hortatur, nixusque genu venabula tendit
    Illa pavet strepitus, cuneosque erecta theatri
    Despicit, et tanti miratur sibila vulgi.

    Claud. in Ruf., I. II.