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pour la grandeur ; mais ces temples étonnent sans plaire. Plus vastes que le Colysée, ils ne produiront jamais sur nous la même impression. Ils sont construits d’après d’autres règles de beauté, auxquelles nous ne sommes point accoutumés. Les civilisations qui ont créé cette beauté ont disparu.

Ces grands temples élevés et creusés dans l’Inde ou en Égypte ne rappellent que les souvenirs ignobles du despotisme ; ils n’étaient pas destinés à plaire à des âmes généreuses. Dix mille esclaves ou cent mille esclaves ont péri de fatigue, tandis qu’on les occupait à ces travaux étonnants.

À mesure que nous connaîtrons mieux l’histoire ancienne, que de rois ne trouverons-nous pas plus puissants qu’Agamemnon, que de guerriers aussi braves qu’Achille ! mais ces noms nouveaux seront pour nous sans émotions. On lit les curieux Mémoires de Bober, empereur d’Orient vers 1340. Après y avoir songé un instant, on pense à autre chose.

Le Colysée est sublime pour nous, parce que c’est un vestige vivant de ces Romains dont l’histoire a occupé toute notre enfance. L’âme trouve des rapports entre la grandeur de leurs entreprises et celle de cet édifice. Quel lieu sur la terre