Page:Stendhal - Promenades dans Rome, tome 1.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

satiété et la douleur rendent incapable de tout plaisir. Ne vous laissez aller que quelques instants à l’admiration qu’inspire un monument si grand, si beau, si bien tenu, en un mot la plus belle église de la plus belle religion du monde. Regardez les deux admirables fontaines de la place ; l’imagination la plus riante peut-elle se figurer rien de plus joli ? Cherchez dans l’église le tombeau de Clément XIII (Rezzonico), de Canova. La piété du pape, la douleur des lions, la beauté du génie colossal, la simplicité de la figure de la Religion, méritent tous vos regards. Peut-être Canova n’avait-il pas l’âme assez sombre et assez forte pour inventer la tête de la Religion catholique ; peut-être aussi les formes élégantes, et surtout la pose du génie colossal, rappellent-elles un peu la fatuité moderne. J’aime mieux les anges en demi-relief du tombeau des trois derniers Stuarts ; ce sont bien là ces génies bienfaisants, gracieux intermédiaires entre un pouvoir inexorable non moins qu’immense et un être aussi faible que l’homme.

Près le tombeau des Stuarts se trouve la porte de l’escalier qui conduit sur les combles de Saint-Pierre. Montez, vous vous trouverez sur la place publique d’une petite ville. On parvient à la croix par un