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avoir vu Saint-Pierre, Frédéric et moi nous avons été saisis d’un accès de sommeil léthargique, tandis que notre calèche de Monte-Citorio (ce sont les fiacres de Rome) nous transportait au Palais Barberini. Nous allions y chercher le portrait de la jeune Beatrix Cenci, chef-d’œuvre du Guide. (Il est placé dans le cabinet du prince Barberini.)

Nous avons revu avec un vrai plaisir le beau lion antique en demi-relief sur l’escalier. Ce lion peut-il être comparé aux lions de Canova du tombeau de Clément XIII ? Cette question difficile nous eût donné mal à la tête. Nous nous sommes bornés aux plaisirs faciles que l’on trouve devant les tableaux. J’ai distingué le portrait d’un duc d’Urbin, par le Barroche, ce peintre qui rappelle le pastel, qui fut empoisonné si jeune et vécut toujours souffrant jusqu’à un âge avancé. Une tête de femme, de Léonard de Vinci, nous a fait plaisir. Ma raison a été obligée d’admirer le fameux tableau de la Mort de Germanicus, du Poussin. Le héros expirant prie ses amis de venger sa mort et de protéger ses enfants. Les deux portraits de la Fornarina, par Raphaël et Jules Romain[1], sont un exemple frappant de la

  1. Note manuscrite de Stendhal sur l’exemplaire de la Baume : « Portrait du violon que l’on force Raphaël à