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dolfo ; et, de l’autre côté, à travers les arbres, nous voyons la mer. La forêt qui s’étend d’ici à Frascati nous offre une promenade pittoresque, et toute la journée nous y avons trouvé une fraîcheur délicieuse. À chaque cent pas, nous sommes surpris par un site qui rappelle les paysages du Guaspre. Pour tout dire en un mot, ceci est comparable aux rives du lac de Como, mais d’un genre de beauté bien plus sombre et majestueux.

Quelques personnages prudents ont voulu nous faire peur des brigands ; mais un homme d’esprit (M. le cardinal Benvenuti) les a supprimés. Le quartier général de ces messieurs était à Frosinone, pas fort loin d’ici, et l’on peut y aller par les bois sans paraître dans la plaine. Se faire brigand, dans ce pays, s’appelle prendre le bois (prendere la macchia) ; être brigand esser alla macchia. Le gouvernement traite assez souvent avec ces gens-là et puis leur manque de parole. Ce pays pourrait être civilisé en dix-huit mois par un général français ou anglais, et ensuite il serait aussi estimable que peu curieux ; quelque chose dans le genre de New-York.

Je désire, comme honnête homme, surtout quand je suis en butte aux vexations des polices italiennes, que toute la terre obtienne le gouvernement légal de