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SECONDE PARTIE

l’on fait encore des chefs-d’œuvre fort touchants en suivant avec scrupule les règles de l’abbé d’Aubignac. » Nous répondons : « Nos tragédies seraient plus touchantes, elles traiteraient une foule de grands sujets nationaux auxquels Voltaire et Racine ont été forcés de renoncer. » L’art changera de face dès qu’il sera permis de changer le lieu de la scène, et, par exemple, dans la tragédie de la Mort de Henri III, d’aller de Paris à Saint-Cloud.

À présent que je me suis expliqué fort au long, il me semble que je puis dire avec l’espoir d’être compris de tout le monde et l’assurance de n’être pas travesti même par le célèbre M. Villemain[1] : « Le Romantisme appliqué au genre tragique, c’est une tragédie en prose qui dure plusieurs mois et se passe en divers lieux. »

Lorsque les Romains construisirent ces monuments qui nous frappent encore d’admiration après tant de siècles (l’arc de triomphe de Septime-Sévère, l’arc de triomphe de Constantin, l’arc de Titus, etc.), ils représentèrent sur les faces de ces arcs célèbres des soldats armés de casques, de boucliers, d’épées ; rien de plus simple, c’étaient les armes avec lesquelles leurs

  1. Journal des Débats du 30 mars 1828.