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RACINE ET SHAKSPEARE

Si M. Cousin faisait encore son cours, l’éloquence entraînante de ce professeur et son influence sans bornes sur la jeunesse parviendraient peut-être à convertir les élèves des grandes écoles. Ces jeunes gens mettraient leur vanité à réciter, en perroquets, d’autres phrases que celles de Laharpe ; mais M. Cousin parle trop bien pour que jamais on le laisse reparler.

Quant aux rédacteurs du Constitutionnel et des feuilles à la mode, il faudrait des arguments bien forts pour espérer. Disposant en grande partie des succès, toujours ces messieurs auront l’idée lucrative de faire eux-mêmes de belles pièces dans le genre routinier qui est le plus vite bâti, ou du moins ils s’associeront avec les auteurs.

Il est donc utile que quelques écrivains modestes, qui ne se reconnaissent pas le talent nécessaire pour créer une tragédie, consacrent chaque année une semaine ou deux à faire imprimer un pamphlet littéraire destiné à fournir à la jeunesse française des phrases toutes faites.

Si j’avais le bonheur de trouver quelques jolies phrases bonnes à être répétées, peut-être cette jeunesse si indépendante comprendrait-elle enfin que c’est le plaisir