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SECONDE PARTIE

simple position de cette question. Je suis trop poli pour abuser de mes avantages ; je ne me ferai point l’écho de la réponse du public.

Je me suis permis avec d’autant moins de remords d’imprimer ces noms de la seconde colonne, qui font l’orgueil de la France, que, par suite de l’obscurité de ma vie, je ne connais personnellement aucun des hommes distingués qui les portent. Je connais encore moins les académiciens dont les noms pâlissent à côté des leurs. Comme les uns ni les autres ne sont rien pour moi que par leurs écrits, en répétant le jugement du public, j’ai pu me considérer en quelque sorte comme étant déjà la postérité pour eux.

De tout temps il y a eu une petite divergence entre l’opinion du public et les arrêts de l’Académie. Le public désirait voir élire un homme de talent qu’ordinairement l’Académie jalousait ; c’est par exemple sur l’ordre exprès de l’Empereur qu’elle a nommé M. de Chateaubriand. Mais jamais le public n’est arrivé, comme aujourd’hui, jusqu’à trouver des remplaçants pour la majorité de l’Académie française. Ce qu’il y a de fâcheux, c’est que, quand l’opinion publique est bravée à ce point, elle se retire. La défaveur où le Déjeuner a fait tomber l’Académie