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RACINE ET SHAKSPEARE

de Rome parler une langue différente de la langue latine[1]

Sous Théodoric, le moins barbare des barbares qui conquirent l’Italie, nous voyons encore chaque pays avoir sa langue particulière.

Enfin, nous arrivons aux temps dont nous éprouvons encore l’influence. Au douzième siècle, l’Italie, déchirée par les Guelfes et les Gibelins, était divisée en une foule de petits états dont chaque ville était la capitale. En 1160, la république de Milan ne s’étendait pas jusque sur la Martesana et la…

Côme et Pavie étaient nos grandes ennemies ; nous avions pour alliées…

Tous les monuments généraux de l’Italie rassemblés par le grand Muratori, tous les monuments particuliers du Milanais, rassemblés et discutés avec tant de patience par notre savant comte Giulini, tout nous prouve qu’au treizième siècle, Milan, Venise, Florence, Rome, Naples, le Piémont parlaient des langues différentes[2]. La plupart de ces pays voulurent être républiques et jouir de la liberté, mais ils ne purent jamais venir à bout de faire une constitution qui donnât la liberté. L’invention du gouvernement représentatif était réservée à une

  1. Stendhal indique en marge qu’il devra reproduire le passage de Tite-Live sur la langue de l’Insubrie. N. D. L. É.
  2. Stendhal renvoie ici à la p. 152 de Rome, Naples et Florence (édition de 1817). On trouvera le passage visé dans l’édition du Divan, tome III, page 48. N. D. L. É.