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DE LA LANGUE ITALIENNE

Français suppose cet autre immense avantage dont manque la langue italienne, une capitale où se forme un langage beau et simple et où viennent habiter naturellement tous les gens de lettres dignes de l’admiration du public.

Chaque petite capitale d’Italie a ses gens de lettres qu’elle met de l’orgueil à défendre. Vous ne pouvez réunir ces gens de lettres dans une même ville. Vous ne pouvez pas davantage les réunir pour un même travail. L’impossibilité du succès est la seule chose au monde qui puisse arrêter l’orgueil. Or croit-on, s’il s’élève une discussion, que l’homme de lettres de Venise le cède à celui de Milan ou le littérateur de Bologne à celui de Turin ? Bien loin de là, chacun sera soutenu par sa ville, fera une brochure et l’entreprise quelconque pour laquelle on aurait voulu les réunir ira à tous les diables.

J’ai à proposer un moyen qui, très probablement, ne sera jamais mis en exécution. Sachons profiter d’une circonstance unique et qui ne se reproduira plus. Sachons mettre en œuvre les talents de cette foule d’ex-préfets, d’ex-juges, d’anciens militaires. Beaucoup sont très-instruits ; nous voyons plusieurs d’entre eux entrer dans le barreau ou prendre d’autres états moins par le besoin de gagner de l’argent que par ce besoin plus noble des âmes fortes qui ont l’habitude de fonder leur orgueil sur des actions, le besoin d’une occupation.

Que chaque gouvernement nomme un commissaire, que Bologne voie se réunir