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Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/295

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RACINE ET SHAKSPEARE

pensables. La grammaire n’est que l’art de noter nos pensées.

Il faut donc connaître à fond l’histoire de la génération et du développement de nos idées. Que dirions-nous de l’homme qui voudrait parler d’astronomie sans connaître l’algèbre ? Il en parlerait avec un langage plus ou moins élégant, mais il en parlerait comme le peuple. Il ferait encore tourner le soleil autour de la terre. En fait, de sciences, toute l’Europe ne forme qu’une seule république. Il n’est plus permis au géomètre anglais d’ignorer ce qu’a inventé le géomètre italien.

L’illustre auteur semble avoir totalement, négligé cet exemple. Il ne parle pas de la science si difficile et si sèche qui nous explique la génération de nos idées. En Angleterre, depuis trente ans, personne ne parle grammaire s’il n’a commencé par les ouvrages de Horne-Toock, les recherches de Reid, de Dugald-Stewart et de plusieurs autres. En France, avant d’ouvrir la bouche sur cet objet, il faut avoir lu Locke, Condillac, Maine-Biran, De Gérando et surtout la Grammaire générale de l’illustre comte de Tracy.

Le grand poète que nous critiquons à regret semble n’avoir pas lu ces derniers ouvrages, et ne pas même les connaître de nom. Il cite Condillac, Dumarsais et Beauzée. C’est à peu près comme si, en chimie, on parlait encore de phlogistique et des théories de Sage et de Le Roy. Les grands analystes français vivants, aidés