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RACINE ET SHAKSPEARE

pellerait pas l’hyménée pour faire la rime. Qui ne ferait pas rire, dans la société, en parlant d’hyménée ?

Les Précepteurs, de Fabre d’Églantine, avaient ouvert la carrière que la censure a fermée. Dans son Orange de Malte, un E…, dit-on, préparait sa nièce à accepter la place de maîtresse du roi[1]. La seule situation énergique que nous ayons vue depuis vingt ans, la scène du paravent, dans le Tartuffe de mœurs, nous la devons au théâtre anglais[2]. Chez nous, tout ce qui est fort s’appelle indécent. On siffle l’Avare de Molière (7 février 1823), parce qu’un fils manque de respect à son père.

Ce que la comédie de l’époque a de plus romantique, ce ne sont pas les grandes pièces en cinq actes, comme les Deux Gendres : qui est-ce qui se dépouille de ses biens aujourd’hui ? c’est tout simplement le Solliciteur, le Ci-devant jeune homme (imité du Lord Ogleby de Garrick), Michel et Christine, le Chevalier de Canole, l’Étude du Procureur, les Calicots[3], les Chansons de

  1. On disait à madame de Pompadour : la place que vous occupez. Voir les Mémoires de Bézenval, de Marmontel, de madame d’Épinay. Ces Mémoires sont remplis de situations fortes et nullement indécentes, que notre timide comédie n’ose reproduire. Voir le conte du Spleen, de Bézenval.
  2. L’Homme à sentiments ou le Tartuffe de mœurs de Chéron est imité de The school for scandal de Sheridan. N. D. L. É.
  3. Le Solliciteur est une comédie d’Ymbert, Scribe et