Aller au contenu

Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ii
PRÉFACE

suivit une évolution parallèle mais inverse.

En 1803 il conseillait à sa sœur Pauline de lire un acte de Racine chaque jour, et il ajoutait : « C’est le seul moyen de parler français. » Quelques mois plus tard il notait en sortant de Bajazet : « J’ai bien admiré Racine ce soir. Il a une vérité élégante qui charme. Ce n’est pas le dessin de Michel-Ange ; c’est la fraîcheur de Rubens. » Et dans le même temps il jetait sur le papier ces quelques Remarques sur le stile de l’immortel Racine qui se trouvent parmi ses manuscrits de Grenoble.

En 1807, si nous voyons poindre une nuance de mépris dans son jugement, c’est qu’il ne s’agit déjà plus tant de théories littéraires que de politique. Le jeune partisan laisse parler son aversion pour la cour de Louis XIV.

En 1818 à Milan, il applaudit avec passion les ballets de Vigano et les comparant aux tragédies héroïques de Shakspeare, il ajoute : « Ce n’est pas Racine ou Voltaire qui peuvent faire cela. »

À fréquenter assidûment le théâtre, sitôt son arrivée à Paris et durant tout le temps qu’il y séjourna, Beyle renouvela sa connaissance de la littérature, — j’entends cette