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iii
DE L’ÉDITEUR

connaissance approfondie, réfléchie, qui seule peut projeter quelque lumière neuve sur l’œuvre en discussion. Aussi se trouva-t-il bien armé pour les querelles littéraires à une heure où la doctrine classique partout combattue se réduisait, ou à peu près, à une théorie du théâtre. Pendant plus de dix ans il s’était acharné à écrire des tragédies classiques ou des comédies à l’imitation de Molière. Et pour renoncer à ces essais, il lui fallut comprendre enfin que ce n’était vraiment pas là sa nature : qu’on ne fait pas des œuvres d’art en accumulant des recherches sur les lois du comique.

Il semblait alors avoir renoncé à écrire. Il voyageait et était entre tant devenu réellement amoureux. Mais la chute de l’Empire lui avait occasionné de grands soucis ; et quand, pour se procurer des ressources, il reprit sa plume, il songea que s’il n’avait rien d’un auteur dramatique il pourrait bien au contraire posséder de réelles qualités critiques. Ayant beaucoup lu, beaucoup retenu, beaucoup observé, il ne manquait point d’idées générales malgré ce qu’en ait voulu prétendre Émile Faguet en un long jour de hargne. Ce sont ces idées générales qu’il glisse avec adresse et opportunité dans ses premiers écrits, imprimant à des faits et des jugements nettement démarqués, un ton tout à fait personnel. Ses premiers livres,