Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
ROMANS ET NOUVELLES

vant avec grâce, les engagèrent à dîner, ces dames rendirent leurs visites dans les délais convenables.

— Sais-tu, Mina, disait un jour Madame Wanghen en sortant de chez madame la Présidente B ***, une des maisons de la robe où l’on recevait le mieux, sais-tu que quoique nous nous croyions et, je pense, avec raison, fort supérieures au général von Landek, nous commençons à partager son sort, nous allons dégringolando. Assurément nous ne saurions sur quoi faire des plaintes, rien ne manque à la politesse parfaite de ces aimables Français.

— Tu as raison, maman, nous serions bien peu dignes de vivre avec des gens d’autant d’esprit si nous ne nous rendions pas justice, notre présence gêne et jette du froid.

Ces dames firent leur examen de conscience et cherchèrent si elles n'avaient point à se reprocher quelque blâme imprudent des usages français.

— Les Français sont trop frivoles en ce genre pour s'offenser de quelque blâme de leurs usages, comme ce monsieur arrivant d’Italie, racontant l’autre jour [ce] qu’il lui est arrivé à Venise. d’ailleurs nous allons dans huit maisons et l’effet est général partout.