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ROMANS ET NOUVELLES

— Hé bien, ma fille, il me semble que tu as pris tout à coup des sentiments bien vulgaires.

— j’ai cru m'apercevoir que M. l’abbé avait des projets ; j’aime autant qu’il ne voie pas aussi clair dans les nôtres.

— Mais nous disions un jour chez madame de Vintimille que nos projets étaient de ne pas choisir un mari pour toi avant que tu n'eusses atteint ta vingtième année, tu sembles dire le contraire aujourd’hui.

— Peut-être M. de Miossince n'a pas eu connaissance de notre mot de l’autre jour, peut-être, si on le lui a rapporté, y aura-t-il vu une précaution destinée à diminuer l’anxiété un peu trop visible de madame de Vintimille qui ce jour-là avait presque l’air de dire que ma présence allait dérober à ses filles les époux qui pourraient leur échoir.


Dans[1] une de ses visites M. l’abbé de Miossince fit entendre à madame Wanghen que puisque la question d’argent n'en était pas une pour elle, il serait bien, ayant une fille si jeune et surtout douée de tant d’agréments extérieurs, de s'adjoindre une dame de compagnie, mais il ne faudrait

  1. À partir d’ici, le manuscrit reprend de la main du copiste. N. D. L. E.