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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/141

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LE ROSE ET LE VERT

— On voit que sans s’en rendre compte en aucune façon, le duc aimait l’esprit. Il était encore à dix ou vingt années de l’expérience, de pouvoir se dire pourquoi il aimait l’esprit, et que, comme le courage au feu, c’est la seule denrée qui ne puisse pas être remplacée intégralement par l’hypocrisie.

M. l’abbé de Miossince rêvait à toutes ces qualités du jeune duc, de lui bien connues, en cherchant à s’en faire accoster. Il revenait souvent sur une chose qui l’étonnait, et lui faisait craindre de ne pas mener ce jeune homme aussi facilement qu’il l’eût voulu. Cette chose surprendra bien les jeunes gens dont le bonheur suprême consiste à monter au Bois de Boulogne un beau cheval de louage ou à recevoir une invitation pour le bal du                                                   [1], la plupart du temps Léon eût été plus heureux en arrivant dans un salon de s’entendre annoncer par le simple nom de Malin-La-Rivoire que son père avait illustré suffisamment que par celui de duc de Montenotte, [par le nom] que son père avait porté les trois quarts de sa glorieuse vie que par le titre pompeux dont après sa mort il avait hérité et qui semblait le forcer à avoir certaines opinions,

  1. Un mot illisible. N. D. L. E.