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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/140

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ROMANS ET NOUVELLES

de Cossey huit mois de l’année et assez triste les jours de pluie, et même souvent les jours de beau soleil. Il se disait en soupirant : « Je ne trouve pas à agir. Heureux les pauvres, heureux les riches qui veulent devenir barons ! »

Il avait déjà eu quelques maîtresses dans les salons, qu’il avait trouvées infiniment plus hypocrites, plus tracassières, plus tenaces quand on voulait les quitter, et plus insupportables après trois mois que ces pauvres petites filles de l’Opéra auxquelles il donnait à souper quelquefois. Comme il n’avait de principes arrêtés sur rien, il ne s’était pas dit encore bien résolûment que ces petites filles valent infiniment mieux[1] que les comédiennes qui jouent dans les salons et brodent en laine un tapis de pied pour leur amant. « Au moins, ajoutait-il avec un soupir profond, du temps de la madame d’Épinay de J.-J. Rousseau et de Grimm, ces comédiennes avaient de l’esprit amusant, et on trouvait autour d’elles des Diderot, des Rousseau, des Grimm, des Duclos, avec qui on pouvait parler, c’était amusant[2]. »

  1. Vrai, mais peu prudent.
  2. Forme : Tour sérieux, bien vrai ; je vois mon jeune duc. Mais j’ai peut-être déjà dit cela quelque part.

    Oui, l’amant de Mme de Chasteller.