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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/268

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en outre, il me prêtait d’excellents livres, dont la lecture me charmait, et qui servaient de texte à nos conversations. Ma foi en fut ébranlée, et je ne savais comment concilier les leçons de mes religieux avec les principes de l’avocat dont les vigoureux arguments me paraissaient de jour en jour plus concluants. Cependant, ma tante avait recommencéses visites. Un jour que Burner souffrait horriblement d’un accès de goutte, elle le conjura de supporter toutes ses douleurs pour l’amour de Dieu ; lui, homme de peu de foi, emporté par la souffrance, repoussa ces pieux conseils par des blasphèmes si violents, que ma pauvre tante, sans prendre le temps de remettre son châle et son bonnet, s’en alla en toute hâte, faisant vingt foisle signe de la croix, et jurant de ne plus remettre les pieds dans cette abominable maison. Le soir, Burner me raconta cette aventure, en riant, et à mon retour, ma tante ne dit pas un mot de ce qui s’était passé. Le dimanchesuivant, elle alla se confesser, et son directeur, dominicain attaché à l’Inquisition, refusa de lui donner l’absolution, si elle n’allait pas au préalable dénoncer le blasphémateur. Le lendemain, elle alla faire sa déposition au Saint-Office,puis retourna auprès de son confesseur, qui