Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/274

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conseils et le désir de me trouver à la tête d’une compagnie ; je demeurai convaincu que mon oncle serait désarméà la vue de mes épaulettes, et, sachant qu’il ne devait revenir que dans deux jours, je pris incontinent mon parti ; j’achetai à mes frais un uniforme, et mes amis me firent obtenir du général Miollis, gouverneur de Rome, une commission d’officier. Fier de mon nouveau costume, je m’empressai d’en faire parade avec toute la vanité d’un parvenu ; mais affranchi de la veille, je ne me livrais pas sans réserve aux charmes d’une liberté que je ne comprenaispas encore. Le lendemain, je me présentai, en grande tenue, au général Miollis,pour le remercier de la faveur que je lui devais, et prêter serment de fidélité à l’empereur. Le généralm’accueillit avec cordialité, et m’assura que le gouvernement français saurait dignement reconnaître l’empressement de ceux qui se rangeaient les premiers sous ses bannières ; ensuite il m’envoya auprès de César Marucchi, chef de bataillon de la première légion, qui me mit de suite en activité. Mon oncle, instruit de mes démarches, s’empressa de terminer ses affaires et de revenir à Rome. J’essaierais en vain de peindre sa surprise et sa fureur ; lorsqu’il vit que les choses étaient aussi