Le jeune homme parut irrité de la grossièreté de la question ; il se résigna et dit :
— Mon père, brigadier des armées de don Carlos Cuarto (que Dieu bénisse la mémoire de ce bon roi !), m’a laissé un petit domaine près de ce village ; il me rapporte douze mille réaux (trois mille francs) ; je le cultive de mes propres mains avec trois domestiques.
— Qui vous sont fort dévoués sans doute. Excellent noyau de guérilla, dit don Blas avec un sourire amer.
— En prison et au secret ! ajouta-t-il en s’en allant, et laissant le prisonnier au milieu de ses gens.
Quelques moments après, don Blas déjeunait.
— Six mois de prison, pensait-il, me feront justice de ces belles couleurs et de cet air de fraîcheur et de contentement insolent.
Le cavalier en sentinelle à la porte de la salle à manger haussa vivement sa carabine. Il l’appuyait par travers contre la poitrine d’un vieillard qui cherchait à entrer dans la salle à la suite d’un aide de cuisine apportant un plat. Don Blas courut à la porte ; derrière le vieillard, il vit une jeune fille qui lui fit oublier don Fernando.
— Il est cruel qu’on ne me donne pas le temps de prendre mes repas, dit-il au