Aller au contenu

Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
11
LE COFFRE ET LE REVENANT

plus de dévotion dans ses yeux. Son œil sinistre était fixé sur un jeune homme d’une tournure fort distinguée qui priait dévotement à quelques pas de lui.

— Quoi ! se disait don Blas, un homme qui, suivant les apparences, appartient aux premières classes de la société n’est pas connu de moi ! Il n’a pas paru à Grenade depuis que j’y suis ! Il se cache.

Don Blas se pencha vers un de ses gendarmes, et donna l’ordre d’arrêter le jeune homme dès qu’il serait hors de l’église. Aux derniers mots de la messe, il se hâta de sortir lui-même, et alla s’établir dans la grande salle de l’auberge d’Alcolote. Bientôt parut le jeune homme étonné.

— Votre nom ?

— Don Fernando de la Cueva.

L’humeur sinistre de don Blas fut augmentée, parce qu’il remarqua, en le voyant de près, que don Fernando avait la plus jolie figure ; il était blond, et, malgré la mauvaise passe où il se trouvait, l’expression de ses traits était fort douce. Don Blas regardait le jeune homme en rêvant.

— Quel emploi aviez-vous sous les Cortès ? dit-il enfin.

— J’étais au collège de Séville en 1823 ; j’avais alors quinze ans, car je n’en ai que dix-neuf aujourd’hui.

— Comment vivez-vous ?