à payer dix francs chacune de ces lettres,
dont la plupart étaient composées par
Féder. À la vérité, ces phrases faisaient
un peu tache dans la conversation du millionnaire ;
mais les gens devant lesquels il
les récitait avaient assez à faire à les comprendre.
Le plaisant de la chose, c’est
que Boissaux, qui, depuis l’établissement
de la correspondance, n’en avait pas dit
un seul mot à Féder, lui donnait hardiment
comme venant de lui et inventées à
l’instant des idées que celui-ci avait placées
la veille dans la lettre que Boissaux
lui récitait en la gâtant.
Ces idées, qui quelquefois avaient de la finesse, formaient un étrange contraste avec l’ensemble des manières du futur pair de France. Par exemple, pour cacher son hésitation habituelle, Boissaux, depuis qu’il était riche, avait pris l’habitude de précipiter sa parole par jets ou émissions successives que séparaient de petits silences. Rien de plus singulier dans un salon de Paris que cette affectation passée à l’état d’habitude. En entendant cette grosse voix de charretier, chacun tournait la tête ; on avait l’idée de quelqu’un qui contait une anecdote de bas étage et singeait la voix d’un cocher pris de vin.
Ce fut cependant un tel être que Féder, si sensible aux grossièretés les plus auto-