coffre, jette dehors les tulles et les châles, et se met à leur place.
— Êtes-vous fou ? dit Sancha effrayée.
— Tiens, voici cinquante onces ; mais que le ciel m’anéantisse si je sors de ce coffre avant d’être dans le palais de l’inquisition à Grenade ! Je veux la voir.
Quoi que Sancha pût dire dans sa frayeur, don Fernando ne l’écouta pas.
Comme elle parlait encore, entra Zanga, un porte-faix, cousin de Sancha, qui devait porter le coffre à Grenade, sur son mulet. Au bruit qu’il avait fait en entrant, don Fernando s’était hâté de tirer sur lui le couvercle du coffre. À tout hasard, Sancha le ferma à clef. Il était plus imprudent de le laisser ouvert.
Vers les onze heures du matin, un jour du mois de juin, don Fernando fit son entrée dans Grenade, porté dans un coffre ; il était sur le point d’étouffer. On arriva au palais de l’inquisition. Au temps que Zanga employa à monter l’escalier, don Fernando espéra qu’on plaçait le coffre au second étage, et peut-être même dans la chambre d’Inès.
Quand on eut refermé les portes, et qu’il n’entendit plus aucun bruit, il essaya, à l’aide de son poignard, de faire céder le pêne de la serrure du coffre. Il réussit. À son inexprimable joie, il était,