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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/38

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ROMANS ET NOUVELLES

n’ajouta pas un mot. Il venait de prendre la résolution de repartir le lendemain pour Majorque.

Huit jours après, il passa par hasard dans le village d’Albaracen. Les brigands venaient d’arrêter le capitaine général O’Donnel, qu’ils avaient tenu une heure durant couché à plat ventre dans la boue. Don Fernando vit Sancha qui courait d’un air affairé.

— Je n’ai pas le temps de vous parler, lui dit-elle ; venez chez moi.

La boutique de Sancha était fermée ; elle s’empressait de placer ses étoffes anglaises dans un grand coffre de chêne noir.

— Nous serons peut-être attaqués ici cette nuit, dit-elle à don Fernando. Le chef de ces brigands est ennemi personnel d’un contrebandier qui est mon ami. Cette boutique serait la première pillée. J’arrive de Grenade ; je viens d’obtenir de doña Inès, qui, après tout, est une bien bonne femme, la permission de déposer mes marchandises les plus précieuses dans sa chambre. Don Blas ne verra pas ce coffre, qui est plein de contrebande ; si par malheur il le voit, doña Inès trouvera une excuse.

Elle se hâtait d’arranger ses tulles et ses châles. Don Fernando la regardait faire : tout à coup il se précipite sur le