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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/95

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LE CHEVALIER DE SAINT-ISMIER

le comte sous un réverbère à onze heures du soir, s’était hâté de sortir de la ville sans même se donner le temps de rentrer chez sa tante.

Arrivé au haut de la montagne de Sainte-Catherine, il s’était caché dans le bois qui alors le couronnait. Il avait envoyé avertir son domestique par un paysan qui passait sur la grande route. Ce domestique n’avait eu que le temps de lui amener ses chevaux et d’avertir sa tante qu’il allait se cacher chez un gentilhomme de ses amis qui habitait une terre dans les environs d’Orléans. Il y était à peine depuis deux jours lorsqu’un capucin, protégé par le fameux père Joseph et ami de ce gentilhomme, lui envoya un domestique qui vint de Paris en toute hâte et crevant les chevaux de poste. Ce domestique était porteur d’une lettre qui ne contenait que ces mots :

« Je ne saurais croire ce qu’on dit de vous. Vos ennemis prétendent que vous donnez asile à un rebelle contre son Éminence. »

Le pauvre Saint-Ismier dut s’enfuir de la terre près d’Orléans, comme il s’était enfui de Rouen, c’est-à-dire que le gentilhomme son ami étant venu le joindre à la chasse, où il était de l’autre côté de la Loire, pour lui communiquer