Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/108

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ont été dernièrement mises aux arrêts chez elles par le grand-duc Ferdinand III.

La contre-partie de ces habitudes sociales, suivant moi, si peu favorables au bonheur, c’est le pouvoir immense du prêtisme. Tôt ou tard, personne ne pourra se passer ici d’un billet de confession. Les esprits forts du pays en sont encore à s’étonner de telle hardiesse que le Dante se permit contre le papisme, il n’y a que cinq cent dix ans. Quant aux libéraux de Florence, je les comparerais volontiers à certains pairs d’Angleterre, fort honnêtes gens d’ailleurs, mais qui croient sérieusement qu’ils ont droit à gouverner le reste de la nation dans leur propre avantage (Corn Laws). J’aurais compris cette erreur avant que l’Amérique ne vînt montrer que l’on peut être heureux sans aristocratie. Au reste, je ne prétends pas nier qu’elle ne soit fort douce ; quoi de mieux que de réunir les avantages de l’égoïsme et les plaisirs de la générosité !

Les libéraux de Florence croient, ce me semble, qu’un noble a d’autres droits qu’un simple citoyen, et ils demanderaient volontiers, comme nos ministres, des lois pour protéger les forts. Un jeune Russe, noble, bien entendu, m’a dit aujourd’hui que Cimabue, Michel-Ange, le Dante, Pétrarque, Galilée et Machiavel