Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/138

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chefs-d’œuvre de Palladio, ne peut empêcher qu’on en parle. C’est à cause de ce goût pour l’architecture que les Italiens qui arrivent à Paris sont si choqués, et que leur admiration pour Londres est si vive : « Où trouver au monde, disent-ils, une rue égale ou comparable à Regent street ? »

Mon jeune curé me dit que Cosme Ier de Médicis, ce prince funeste qui a brisé le caractère des Toscans, achetait à tout prix, pour les faire brûler à l’instant, les mémoires manuscrits et les histoires où l’on parlait de sa maison.

Il me montre de loin, à l’aide d’un beau clair de lune, les restes de plusieurs de ces villes de l’antique Étrurie, toujours situées au sommet de quelque colline. Sensations paisibles de cette belle nuit, vent très-chaud. Pendant la route, que nous reprenons à deux heures du matin, mon imagination franchit l’espace de vingt et un siècles, et, je fais à mon lecteur cet aveu ridicule, je me sens indigné contre les Romains qui vinrent troubler, sans autre titre que le courage féroce, ces républiques d’Étrurie, qui leur étaient si supérieures par les beaux-arts, par les richesses et par l’art d’être heureux. (L’Étrurie, conquise l’an 280 avant Jésus-Christ, après quatre cents années d’hosti-