Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/166

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Paolino : mais il y a quatorze ans. Davide le fils est ce qu’il y a de mieux ; on souffre des efforts que fait ce pauvre jeune homme pour lancer sa voix grêle et brillante dans ce vase énorme. II a pris de Nozari l’habitude de certains trilles faits avec la voix de tête. Il a grand besoin de chanter sur un petit théâtre et d’avoir un bon maître ; c’est le meilleur ténor d’Italie : Tachinardi s’éteint, et Crivelli se glace.

L’orchestre m’a fait beaucoup de plaisir. Il exécute avec fermeté ; les instruments qui entrent attaquent la note avec franchise. Il est aussi ferme que l’orchestre de Favart, et a plus de légèreté que ceux de Vienne : par là, ses piano acquièrent de la valeur.

Autant la pauvreté des décorations et la misère des costumes mettent Saint-Charles au-dessous de la Scala, autant les Napolitains l’emportent par le brillant de leur orchestre. Il y avait ce soir un bellissimo teatro : c’est-à-dire que tout était plein. Madame la princesse Belmonte remarque qu’au milieu de tant de surfaces brillantes les femmes semblent avoir des vêtements gris sale, et leurs joues des teintes plombées. Il faut employer pour les théâtres des teintes de gris, et non des couleurs brillantes.

Les Italiens ont une singulière passion pour les premières soirées des théâtres