Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/171

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comprendre à Paris ce genre de jouissance. Cette belle décoration manque par la couleur et le clair-obscur (les ombres et les clairs sont sans vigueur).

Une salle de danse au milieu des bois, copiée du Stone-Henge, dans le même ballet de Cendrillon, et le palais de la fée, seraient remarquables même à Milan. On entend bien mieux en Lombardie la magie de la couleur ; mais quelquefois le dessin n’atteint pas à l’effet, faute de nouveauté. À Naples, les arbres sont verts, et, à la Scala, gris-bleu. Ce ballet de Cendrillon, et le Joconde, ballet de Vestris, sont dansés presque comme à Paris. La présence de Marianne Conti et de la Pallerini (mime remplie de génie, comparable à madame Pasta) lui ôte la froideur de la danse française. Cette froideur et nos grâces courtisanesques sont très-bien représentées par madame Duport, Taglioni et mademoiselle Taglioni. Pour Duport, c’est une ancienne admiration, à laquelle je me suis trouvé fidèle. Il m’amuse comme un jeune chat : je le regarderais danser des heures entières.

Ce soir, le public contenait avec peine son envie d’applaudir : le roi a donné l’exemple. J’ai entendu la voix de Sa Majesté de ma loge, et les transports sont allés jusqu’à la fureur, laquelle a duré trois quarts d’heure. Duport a toute la légè-