Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou quatre ballets de Viganò. C’est une imagination dans le genre de Shakspeare, dont il ignore peut-être jusqu’au nom : il y a du génie du peintre ; il y a du génie musical dans cette tête. Souvent, lorsqu’il ne peut pas trouver un air qui exprime ce qu’il veut dire, il le fait. Sans doute il y a des parties absurdes dans le Prométhée ; mais au bout de dix ans le souvenir en est aussi frais que le premier jour, et l’on s’étonne encore. Une autre qualité bien singulière du génie de Viganò, c’est la patience. Environné de quatre-vingts danseurs, sur la scène de la Scala, ayant à ses pieds un orchestre de dix musiciens, il compose et fait impitoyablement recommencer, toute une matinée, dix mesures de son ballet qui lui semblent laisser à désirer. Rien de plus singulier ; mais je m’étais juré de ne jamais parler de Viganò.

J’ai été entraîné par des souvenirs délicieux. Deux heures sonnent : le Vésuve est en feu ; on voit couler la lave. Cette masse rouge se dessine sur un horizon du plus beau sombre. Je demeure trois quarts d’heure à contempler ce spectacle imposant et si nouveau, perché à ma fenêtre au septième étage.

5 mars. — Ce soir, Mgr R. disait : « Le beau idéal de la danse sera fixé, par