Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/178

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la suite, entre le genre de Duport et celui de la Conti. Il faut la cour de quelque prince riche et voluptueux ; or, c’est ce que nous ne verrons plus. Tout le monde cherche à mettre de côté quelques millions pour vivre du moins en riche particulier, si l’on tombe. Les princes d’ailleurs, voulant absolument résister à l’opinion, se taillent de l’inquiétude pour toute leur vie. Cette faute de calcul pourrait bien faire tomber les arts pendant le dix-neuvième siècle. Au vingtième, tous les peuples parleront politique, et liront le Morning-Chronicle, au lieu de claquer la Marianne Conti. »

Le genre froid du talent de mademoiselle Fanny Bias ne peut absolument pas entrer dans le beau idéal de la danse, du moins hors de France. J’avoue que, si l’on me donnait à choisir entre ces deux moitiés du beau idéal, j’aimerais mieux la volupté vive et brillante de la Conti[1]. Mademoiselle Milière vint danser à Milan, il y a huit ou dix ans, avec son talent de Paris elle fut sifflée. Elle a mis du feu dans sa

  1. Les ballets de M. Gardel n’ont absolument rien de commun avec ceux de Viganò : c’est Campistron comparé à Shakspeare. Viganò aurait fait frémir pour Psyché : Gardel, la faisant tourmenter par les diables, tombe dans la même erreur que Shakspeare, lorsqu’il fait brûler les yeux, sur la scène, à un roi détrôné. L’imagination, qui n’est pas assez émue pour être à la hauteur de ce degré de terreur, s’amuse de la laideur des diables et rit de leurs griffes vertes.