Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaque soir on trouve dans les salons deux ou trois idées nouvelles. Voilà un grand problème à résoudre : quel séjour préférer ?

15 mars. — Bal charmant chez le roi. On devait être en masque de caractère ; mais bientôt on quitte le masque. Je m’amuse beaucoup de huit heures à quatre heures du matin. Tout Londres était là ; les Anglaises me semblent emporter la palme de la fête. Il y avait cependant de bien jolies Napolitaines, entre autres cette pauvre petite comtesse N***, qui, tous les mois, va voir son ami à Terracine. Le maître de la maison ne mérite pas les grandes phrases à la Tacite qu’on fait contre lui en Europe : c’est le caractère de Western dans Tom Jones ; ce prince se connaît en sangliers et non en proscriptions (1799, 1822). Je m’arrête ; je me suis promis de ne rien dire de tous les lieux où je serais entré sans payer : autrement le métier de voyageur se rapproche de celui d’espion.

16 mars. — Malgré mon profond mépris pour l’architecture moderne, on m’a mené ce matin chez M. Bianchi de Lugano, ancien pensionnaire de Napoléon. Ses dessins sont assez exempts de cette foule d’ornements, d’angles, de ressauts, qui