Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/183

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font la petitesse moderne (voir la cour du Louvre), et qu’on peut reprendre même chez Michel-Ange. Nos gens ne peuvent pas s’élever à comprendre que les anciens n’ont jamais rien fait pour orner, et que chez eux le beau n’est que la saillie de l’utile. Comment nos artistes liraient-ils dans leur âme ? Ce sont sans doute des hommes remplis d’honneur et d’esprit ; mais Mozart avait de l’âme et ils n’en ont pas. Une rêverie profonde et passionnée ne leur a jamais fait faire de folies ; aussi ils ont le cordon noir, lequel ennoblit.

M. Bianchi va construire à Naples l’église de Saint-François-de-Paule, vis-à-vis le palais. Le roi en confiera l’exécution à M. Barbaglia, et nous la verrons finir en huit ou dix ans. La place est on ne peut pas plus mal choisie. Au lieu de bâtir là une église, il faudrait encore démolir une trentaine de maisons. La place d’une église serait sur le largo di Castello : mais, d’un bout de l’Europe à l’autre, la sèche vanité s’est emparée de tous les cœurs, et les grands principes du beau sont invisibles. Bianchi a adopté la forme ronde : ce qui est une preuve qu’il a su voir l’antique ; mais il n’a pas su voir que les anciens se proposaient dans leurs temples un but contraire au nôtre : la religion des Grecs était une fête et non une menace. Le temple,