Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/187

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cathédrales et des enfants de chœur. On se plaint de voir Crivelli et Davide sans successeurs. Depuis qu’il n’y a plus de sopranos, il n’y a plus de science musicale au théâtre. Par désespoir, ces pauvres diables devenaient de profonds musiciens ; dans les morceaux d’ensemble, ils soutenaient toute la troupe ; ils donnaient du talent à la prima dona, qui était leur maîtresse. Nous devons deux ou trois grandes chanteuses à Veluti.

Aujourd’hui, dès que la mesure (il tempo) est un peu difficile, il n’en est plus question ; l’on se croit à un concert d’amateurs. C’est ce que M. le comte Galemberg expliquait fort bien hier chez M. le marquis Berio. Les Italiens sont bien loin des Allemands, dont la musique baroque, dure, sans idées, serait à faire sauter par la fenêtre, s’ils n’étaient pas les premiers tempistes du monde.

L’usage italien de couper les deux heures de musique par une heure de ballet est fondé sur le peu de force de nos organes : il est absurde de donner de suite deux actes de musique. Une petite salle rend le ballet à la Viganò impossible et ridicule : voilà le problème d’acoustique proposé aux géomètres, et qu’ils mépriseront parce qu’il est trop difficile. Ne pourrait-on pas adapter deux théâtres à