Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/188

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la même salle ? ou, le ballet fini, couper la scène par une cloison assez forte pour renvoyer la voix dans la salle, laisser tomber par exemple une toile de tôle ? ou bâtir un mur en caisses de bois garnies d’une peau de tambour du côté des spectateurs ? Au théâtre Farnèse, à Parme, le bruit d’un morceau de papier qu’on déchire au fond de la scène est entendu de partout. Voilà le fait qu’il faudrait reproduire, mais qu’il est plus commode de nier. Les architectes italiens savent que l’air dépouillé d’oxygène arrête sur-le-champ les folies et les vagabondages de l’imagination.

19 mars. — San Carlo est décidément une affaire de parti pour les Napolitains : l’orgueil national, écrasé par la campagne et la mort de Joachim, s’est réfugié là. Voici la vérité : San Carlo, comme machine à musique, est tout à fait inférieur à la Scala. En séchant, il peut devenir moins sourd, mais il perdra tout l’éclat de ses dorures appliquées trop tôt sur des crépis frais. Les décorations sont bien plates, et, qui plus est, ne peuvent pas être meilleures : le lustre les tue. La même cause empêche de voir la physionomie des acteurs.