Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/197

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composé. Je m’amuse à voir jouer une jolie duchesse, avec laquelle j’ai dansé à la fête donnée chez le roi. Elle est assise à quatre pas de la table, et c’est son amant qui met son argent et le retire : sa belle physionomie n’a rien de l’air hideux des joueuses. Cet amant me parlait de beaux-arts un de ces jours, et de Paris : « Vous ne faites pas un geste, me disait-il, ou il n’y ait bon ton, c’est-à-dire imitation : donc la peinture est impossible en France. Chez vos artistes les plus naïfs, le seul la Fontaine excepté, la naïveté est celle d’une jeune fille de dix-huit ans sans fortune qui a déjà manqué trois riches mariages. »

24 mars. — La belle Écossaise, Madame la C. R., me disait ce soir : « Vos Français, qui brillent tant le premier moment, n’entendent rien à faire naître les grandes passions. Le premier jour il ne faut que réveiller l’attention : ces beautés brillantes qui éblouissent d’abord, et qui ensuite perdent sans cesse, ne règnent qu’un instant. — Voilà, dis-je, qui m’explique la manière très-froide dont je vais me séparer de Saint-Charles. »

Un prince napolitain, qui est là, se récrie beaucoup. Il réfute nos objections à la manière italienne, c’est-à-dire en