Aller au contenu

Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çais, celle-ci m’a touché. « Il est des pays où se rassembler vingt dans une chambre pour injurier le gouvernement, s’appelle conspirer. » Je vois, par certains indices, qu’on saurait mieux conspirer à Naples : il y aurait des actions et non pas des paroles. Ce pays-ci ne peut manquer d’avoir les deux Chambres avant vingt ans. On le vaincra dix fois, et il se révoltera onze. Le régime rétrograde est humiliant pour l’orgueil de la noblesse.

Lord N***, un des hommes les plus éclairés d’Angleterre, est convenu de tout en soupirant. — Je retrouve la jolie comtesse, qui va voir son amant à Terracine. Décidément les Anglaises l’emportent par la beauté. Milady Douglas, milady Lansdowne.

23 mars. — Ce soir, bal masqué. Je vais à la Fenice, et ensuite, à minuit et demi, à San Carlo. Je m’attendais à être ébloui : pas du tout. Le salon que l’on fait sur le théâtre, au lieu de la magnificence que les décorateurs de la Scala se plaisent à étaler en cette occasion, est garni d’une belle toile blanche, couverte de grosses fleurs de lis en papier d’or. Le billet ne coûte que six carlins (cinquante-deux sous). Canaille complète ; le foyer, où il y a vingt tables couvertes d’or, est cependant mieux