Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il n’y a aucune de ces horreurs, et à la longue on se sent soulever le cœur de mépris. Je ne puis mépriser le Calabrois ; c’est un sauvage croyant également à l’enfer, aux indulgences et à la jetatura (sort jeté par un magicien).

2 avril. — Ce que j’ai vu de plus curieux dans mon voyage, c’est Pompeïa ; on se sent transporté dans l’antiquité ; et, pour peu qu’on ait l’habitude de ne croire que ce qui est prouvé, on en sait sur-le-champ plus qu’un savant. C’est un plaisir fort vif que de voir face à face cette antiquité sur laquelle on a lu tant de volumes. Je suis retourné aujourd’hui à Pompeïa pour la onzième fois. Ce n’est pas le lieu d’en parler. On a découvert deux théâtres ; il y en a un troisième à Herculanum ; rien de plus entier que ces ruines. Je ne comprends pas le ton mystique avec lequel M. Schlegel vient nous parler des théâtres anciens ; mais j’oubliais qu’il est Allemand, et apparemment moi, malheureux Français, je manque du sens intérieur. Le monde ayant commencé pour nous par des républiques héroïques, il est simple que leur produit paraisse sublime à des âmes étiolées par la plate monarchie comme Racine.

Je sors de Saül, au théâtre Nuovo. Il