Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/20

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ne faut pas s’aviser d’être propriétaire en terre papale. Le mécanisme social est à Bologne, en 1817, ce qu’il était en 1717 ; aucun nouvel intérêt n a été créé ; mais les mœurs se sont adoucies. Les gouvernants de ce pays ne font plus de cruautés, ils se bornent à quelques friponneries et à chercher leurs plaisirs. Plusieurs sont dévots de bonne foi ; mais on les trompe, ou ils tolèrent les abus[1]. M. Tambroni, un homme très-fin de ce pays-ci, m’a donné des détails curieux sur ce triste sujet. Je ne rendrai pas au lecteur le mauvais service de les mettre sous ses yeux. Si sa place l’empêche d’y croire, il n’y croirait pas davantage sur mon seul témoignage. Napoléon, qui avait une gendarmerie et qui faisait sentir aux prêtres la main de fer de son inexorable justice, avait supprimé les brigands ; et peu à peu ses sous-préfets supprimaient les infamies dans les petits villages. Mais la friponnerie n’étonne pas encore le paysan de la Romagne. « Si j’avais de l’argent, où le cacher ? » vous dit-il avec candeur ; il

  1. Voir ce que les évêques de Pistoja toléraient en 1780, et cela depuis un temps immémorial, dans les couvents de religieuses. (Vie de Scipion Ricci, par le véridique de Potter, édition de Bruxelles.)

    Si le public savait combien tout ce que l’on imprime paye tribut au mensonge en crédit, et les sacrifices exigés par la juste prudence de l’Imprimeur, on me pardonnerait de citer souvent les ouvrages qui, imprimés à l’étranger, osent dire la vérité tout entière.(1826.)