Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/202

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française jusqu’à la haine, il n’a fait qu’outrer le système étroit de Racine. Il n’y a peut-être rien au monde de plus ridicule, pour un Italien, que la pusillanimité de Britannicus ou la délicatesse de Bajazet. Dominé par la défiance, il veut voir, et toujours on lui fait des récits. Si son ardente imagination n’est pas nourrie par beaucoup de spectacle, elle se révolte et l’emporte ailleurs : aussi bâille-t-on beaucoup aux tragédies d’Alfieri. Jusqu’ici ce qu’il y a encore de plus adapté à l’Italie, c’est Richard III, Othello, ou Roméo et Juliette. M. Niccolini, qui continue Alfieri, est sur une fausse route. Voir Ino e Temisto.

3 avril. — Agadaneca, grand opéra. Je n’ai jamais rien ouï de plus pompeusement plat : cela n’a duré que depuis sept heures jusqu’à minuit et demi, sans un seul moment de relâche, et sans le plus petit chant dans la musique. J’ai cru être rue Lepeletier. Vivent les pièces protégées par la cour ! Ce qu’il y a de mieux, c’est une salle de l’appartement de Fingal (car nous sommes dans Ossian), garnie de tous les petits meubles à la mode inventés depuis peu à Paris. J’ai obtenu la faveur d’aller sur la scène. Les pauvres petites danseuses de l’école disaient : « Tra-