Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/210

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on entend chanter le Matrimonio segreto par Davide et Nozzari. Constantinople et Rio-Janeiro fussent-ils aussi beaux que Naples, voilà ce qu’on n’y verra jamais. Jamais le bon habitant de Montréal ou de Torneo ne se fera l’idée d’une jolie Napolitaine formée par l’esprit à la Voltaire. Cet être charmant est encore plus rare que de jolies montagnes et une baie délicieuse. Mais, si je parlais plus longtemps de madame C***, je ferais naître le rire amer de l’envie ou de l’incrédulité. Portici est pour Naples ce que Monte Cavallo est pour Rome. Les Italiens, qui ont la conviction intime et sans cesse démontrée que nous sommes des barbares pour tous les arts, ne peuvent se lasser d’admirer la fraîcheur et l’élégance de nos ameublements.

Comme je sortais du musée des peintures antiques de Portici, j’ai trouvé trois officiers de la marine anglaise qui y entraient. Il y a vingt-deux salles. Je suis parti au galop pour Naples ; mais, avant d’être au pont de la Madeleine, j’ai été rejoint par les trois Anglais, qui m’ont dit le soir que ces tableaux étaient admirables et l’une des choses les plus curieuses de l’univers. Ils ont passé dans ce musée de trois à quatre minutes.

Ces peintures, si considérables aux yeux des vrais amateurs, sont des fresques