Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/22

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belles et persuada à leurs parents de les lui livrer. Son objet était, disait-il, de lever les sept sceaux dont parle l’Apocalypse. En attendant le succès de cette grande opération, Rosenfeld vivait en fort bonne intelligence avec ses sept femmes. Six étaient occupées à filer de la laine, et il vivait honnêtement du produit de cette petite industrie ; la septième désignée tous les mois par le sort, était chargée du soin de sa personne. Au bout de dix à douze ans de cette vie tranquille, toujours prêchant, un de ses partisans, auquel il avait promis des miracles, las d’attendre, le dénonça à Frédéric. Ce qui amusa le roi, c’est que cet homme ne doutait nullement que Rosenfeld ne fût le Christ ; mais il croyait aussi que Frédéric étant Satan, autre autorité constituée, aurait le pouvoir de forcer le Messie à opérer les miracles promis. Frédéric envoya le Messie en prison jusqu’à l’accomplissement des prodiges.

Les premiers personnages du paradis n’agissent jamais en Italie ; l’Inquisition se fâcherait : mais tous les quatre ou cinq ans, dans quelque village écarté, quelque madone tourne les yeux ou fait un signe de tête ; ce qui produit le miracle d’enrichir le cabaretier voisin. Toutefois les prêtres de Notre-Dame de Lorette persécutent ces madones de campagne.