Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/230

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avec des rideaux de calicot vert, nous prenions des sorbets. Je me suis moqué de ses échasses, et lui de la délicatesse qui m’a empêché de remettre mes lettres de recommandation à Florence. Santapiro vient d’y passer deux ans. Tout ce qui en Russie a quelque bon sens et de la fortune se croit obligé de voir un hiver à Florence. On y trouve aussi beaucoup d’Anglais opulents et tous les soirs quatre ou cinq maisons ouvertes. M. D*** fait jouer par sa troupe fort bien choisie ce qu’il y a de plus joli parmi les charmantes esquisses de M. Scribe ; c’est l’homme le plus bienfaisant d’Italie, et qui possède des reliques les plus authentiques. Il a des choses fort précieuses de saint Nicolas. On joue la comédie française dans trois sociétés : c’est un plaisant contraste avec l’esprit italien qui les écoute et n’en comprend pas le quart.

« À Florence, j’avais un palais, dit Santapiro, huit chevaux, six domestiques, et je dépensais moins de mille louis. En passant l’Apennin, les belles étrangères laissent de l’autre côté des monts cette pruderie qui a réduit à l’écarté les salons de Paris et fait de l’Angleterre un tombeau. Un amant est agréable, mais un titre vaut encore mieux. Je ne conçois pas comment tout marquis français qui a