Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/232

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qui me fera appeler stivale (botte) : c’est qu’à Florence il n’y a qu’un seul homme de lettres qui ait de l’esprit ; mais il en a comme un ange, comme un Talleyrand, comme un Voltaire ; c’est l’auteur du Disperato per ecceso di buon cuore. M. le comte Giraud descend d’un Français qui vint à Rome avec le cardinal Giraud.


Crotone, 20 mai. — Je viens d’être bien étonné, en retrouvant ici, au bout du monde, le brave capitaine Joseph Renavans, que j’ai vu simple dragon en 1800. « J’étais, dit-il, dans le 34e régiment de ligne toujours écrasé, et où j’ai vu passer vingt mille hommes. Toujours silencieux, froid, et craignant l’insolence avec mes supérieurs, j’ai obtenu mes trois grades par hasard, et de la main de Napoléon. Mon bataillon vint à Naples, et pendant trois ans j’ai fait une horrible guerre contre les brigands. Je pourchassais le fameux Parella, qui se moquait de nous. Un jour le ministre Salicetti me fit appeler à Naples : « Tenez, me dit-il, voilà trois cent cinquante mille francs ; mettez à prix la tête des brigands : employez tous les moyens ; enfin il faut en