Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/233

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finir car ceci prend une couleur politique.» Je fis annoncer par les curés, continue M. Renavans, que je donnerais quatre cents ducats de la tête de Parella. Trois mois après, je me trouvais dans mon cantonnement sur le midi, mourant de chaud, et ma chambre fort obscure, quand mon sergent m’annonce qu’un inconnu me demande. Bientôt entre un paysan ; il dénoue son sac, en sort froidement la tête de Parella et me dit : Donnez-moi mes quatre cents ducats. Je vous jure que de ma vie je ne fis un tel saut en arrière. Je courus à la fenêtre pour l’ouvrir. Le paysan mit la tête sur ma table, et je la reconnus parfaitement pour celle de Parella. — « Comment en es-tu venu à bout, lui dis-je ? — Signor commandant, il faut savoir que depuis douze ans je suis le barbier, le domestique et l’homme de confiance de Parella ; mais il y trois ans, le jour de la Pentecôte, il fut insolent envers moi. Depuis, j’ai entendu notre curé dire à son prône que vous donneriez quatre cents ducats pour la tête de Parella. Ce matin, se trouvant seul avec moi, et tous nos amis étant sur la grande route, il m’a dit : — Voilà un moment de tranquillité, j’ai la barbe horriblement longue ; rase-moi, ça me rafraîchira. J’ai commencé à faire cette barbe ; parvenu à la moustache, j’ai pu regarder derrière ses épaules ;